Parenthèse d'une entrepreneure : on parle argent avec Julia de I don't think I feel

Cette semaine, un article très spécial sous un format que j’ai très rarement fait sur le blog : un article invité.

J’ai souhaité aborder un sujet qui me met personnellement mal à l’aise d’en parler, mais dont j’ai souvent la question : l’argent !

Et qui de mieux placer que Julia du blog I don’t think I feel (et de ses formations à succès !) pour vous parler de ce sujet.

Julia était la personne la mieux placée pour parler argent car elle partage tous les mois ses rapports de revenus mensuels, en toute transparence et depuis plusieurs années.

Je lui ai donc envoyé mes questions et elle a gentiment pris le temps de répondre à toutes par audio ! J'ai retranscrit ses réponses orales donc ne vous étonnez pas si vous ne retrouvez pas forcément le style d'écriture de Julia.

Encore un énorme merci à Julia !!!

Bonne lecture !



Raconte-nous ton parcours :

J’ai commencé mon aventure indépendante en mai 2013 en tant qu’assistante pour un photographe agréé Google qui faisait des visites virtuelles pour Google Business View (un peu comme Street View mais dans les établissements). J’ai commencé à l’aider d’un point de vue gestion administrative, gestion des contrats, puis ensuite dans la modération des visites virtuelles. C’était l’époque de l’expansion des pages Facebook où il fallait faire un maximum de likes. Les établissements commençaient à créer leur page et à communiquer tant bien que mal : posts faits avec des photos floues, des fautes d’orthographe, …

Sans savoir à l’époque que c’était le métier de Community Manager, c’est à ce moment que je me suis dit que j’avais envie de les aider à publier des choses de qualité sur leurs pages Facebook professionnelles. Je n’ai pas suivi de formation en Community Management, je le suis devenue de manière autodidacte et j’ai évolué progressivement en me formant par moi-même. Je suis issue d’une formation en ressources humaines (donc rien à voir) en gestion d’entreprises. J’ai évolué sur un poste que je me suis donné à moi-même, un poste de Social Media Manager, qui est un poste moins opérationnel et plus stratégique qu’un poste de Community Manager (à mes yeux). Par la suite, je suis devenue créatrice de contenus au sens large : avec la création du blog, et par la suite avec des formations et des produits digitaux payants.

En novembre 2019 Julie m’a rejoint et on a créé en binôme notre société : J&J SAS.




Quel a été l'idée de départ de partager tes revenus en ligne sur ton blog ?
J’avais tous les jours des questions de freelances et d’entrepreneurs qui me demandaient ce que j’utilisais comme outils, ce que je facturais à mes clients, ce que je gagnais par mois, etc…

Ce n’était pas forcément du voyeurisme, c’était plus des questions pratico-pratiques pour savoir dans quels outils je mettais ma confiance. Notamment pour programmer mes posts sur les réseaux sociaux, gérer les publicités, faire des suivis de projets clients, …

Il y avait aussi le besoin de faire le point mensuellement de ce que je gagnais et de ce que je dépensais. En faisant pour la première fois ce bilan mensuel en août 2017, je me suis dit que j’allais le partager sur le blog : étant donné que quand je liste ce que je dépense, je liste les outils que j’achète ou pour lesquels je suis abonnée.

Je me suis quand même posée plusieurs fois la question de savoir si je mettais vraiment en ligne ces informations aux yeux de tous. Il y avait quand même la peur du bashing, la peur de trop exposer quelque chose… Mais comme j’étais honnête dans les chiffres que je partageais et qu’il n’y avait rien à cacher, il n’y aurait donc rien à déterrer. Je les ai donc publiés !




Quelle est ta vision de l'argent ?

Pour moi, l’argent a toujours était « le moyen de faire quelque chose ». Au tout départ, c’est le moyen de devenir indépendante : de quitter tes parents et d’emménager dans un appartement solo. Ça devient le moyen de remplir ton frigo, le moyen de te faire plaisir en achetant des livres, des vêtements, des jeux vidéo (pour moi notamment), des places de concerts. Et progressivement, quand tu vieillis, l’argent est toujours « le moyen de faire quelque chose », mais le moyen de faire d’autres choses : plus tu gagnes d’argent, plus tu peux faire de choses, plus tu peux faire des choses qui coûtent de l’argent, etc… Mais ma vision reste toujours « le moyen de ».




As-tu des croyances limitantes sur l'argent ? (Peurs ? Investissements ? Dépenser plus que tu ne gagnes ? "L'argent ne fait pas le bonheur", "Si je gagne c'est que je prends à d'autres"...)

Non, je n’en ai pas. Je suis raisonnable : je ne dépense jamais l’argent que je n’ai pas.
Ça peut nous porter préjudice dans le statut de la société parce qu’on nous explique souvent qu’il ne faut pas vivre sur sa trésorerie. Par exemple : si tu as des gros projets à financer, il ne faut pas les financer avec la trésorerie car ça peut être dangereux par la suite. Il vaut mieux emprunter. 

C’est un peu difficile pour moi de faire le switch dans ma tête : moi qui ai toujours fait attention de dépenser uniquement l’argent que j’ai et de ne pas dépenser plus que ce que je gagne.
Je ne me reconnais pas du tout dans les phrases comme « L’argent ne fait pas le bonheur » ou "Si je gagne c'est que je prends à d'autres".

Je reste convaincue que l’argent reste le moyen de faire quelque chose et que c’est ça le plus important.




As-tu eu une phase où tu as eu peur de gagner beaucoup d'argent ? (un peu comme la peur de la réussite).

J’ai eu un passage où je me suis dit « Non non, arrêtez de m’acheter des formations ! ». C’était le fameux passage où je m’apprêtais à passer de la micro-entreprise à la société, et où je n’étais pas prête, ni psychologiquement, ni d’un point de vue pratico-pratique.
C’était de la peur du style « Je veux bien gagner ma vie et qu’on me rémunère pour mon travail. Mais je ne suis pas prête ».

Je n’ai pas peur de gagner beaucoup d’argent parce que je pense que cela va se faire crescendo. Je ne vais pas avoir un pic où je vais gagner beaucoup d’argent très rapidement. Si ça devait arriver, oui, ça me ferait un peu flipper dans le sens où je dois trouver un moyen de dépenser cet argent de manière intelligente et de manière réfléchie. Mais je fais justement en sorte que ça n’arrive pas d’un coup. J’ai besoin que ça suive ma propre évolution, l’évolution de J&J, et je me sens bien de la manière dont ça se passe actuellement !




As-tu eu une éducation financière ? Penses-tu que tes parents ont influencé ton rapport avec l'argent par l'éducation qu'ils t'ont donné ? Ou est-ce toi qui t'es fait ta mentalité vis-à-vis de l'argent toute seule ?

Je me suis fait ma mentalité vis-à-vis de l’argent. J’ai des souvenirs dans mon enfance de petites choses qui sont passées par rapport à l’argent. Par exemple : quand j’étais en 5ème, des copines n’arrêtaient pas de me parler du jeu Les Sims. A l’époque, le jeu coûtait 500 francs (ou l’équivalent de 500 francs parce qu’on venait de passer à l’euro). Je me souviens d’avoir fait ce parallèle car, pour moi, c’était beaucoup demander à mes parents. Mais à force de raconter à mes parents ce qu’on pouvait faire dans les Sims (sans forcément leur mettre la pression pour me l’acheter), ils ont dû se dire que ce ne serait pas une dépense inutile. C’est depuis cela que j’ai passé énormément de temps à jouer aux jeux vidéo. C’est ce qui a conditionné ma vie de petite geek.

Je n’ai pas beaucoup d’autres souvenirs dans mon enfance par rapport à mes parents et par rapport à l’argent. Quoiqu’il arrive, on n’a jamais dépensé ce qu’on n’avait pas. Mes parents n’ont jamais fait d’emprunt ou de prêt donc je n’ai pas connu cette gestion. C’est pour ça qu’aujourd’hui, ça me perturbe un peu de faire un prêt dans ma vie perso car je n’ai jamais été éduquée ainsi. 




Qu'est-ce qui a changé dans ton rapport à l'argent entre tes débuts, seule, en micro-entreprise et maintenant que tu es en société avec Julie ? (Phases à ne pas gagner beaucoup, phases de CA qui explose comme en décembre 2020 ?) Penses-tu que tu aies dû réajuster ta mentalité au fur et à mesure que tu gagnais ou tu as toujours la même mentalité qu'au début ?

Ma mentalité n’a pas changé, c’est toujours la même trame de fond : l’argent est toujours « le moyen de ». Ma connaissance de la fiscalité a évolué entre la micro-entreprise et la société. C’est vraiment différent : la façon de penser, la façon de gérer son argent, la façon de le dépenser, de le gagner…. En micro-entreprise, je faisais attention mais je n’ai jamais été de celles qui mettent leurs cotisations de côté pour pouvoir la payer le mois ou le trimestre d’après. J’ai toujours fait attention car j’ai beaucoup galéré mes trois premières années en freelance.

On le voit dans mes rapports de revenus de 2017, ce n’était pas ouf du tout ! Heureusement que je vivais à Clermont-Ferrand et que le coût de la vie était très faible, parce que je ne gagnais pas des masses d’argent, je ne pouvais pas vraiment me faire plaisir comme je peux le faire aujourd’hui. J’ai toujours été assez prudente.
En micro-entreprise, ton taux de responsabilité est assez faible : tu as tes cotisations à payer et basta. Il y a aussi les trucs lambda à payer (mutuelle, assurance voiture, …), mais liés à ton entreprise et à ta vie professionnelle, tu n’as que tes cotisations sociales à payer. Donc ça reste une responsabilité moindre et un calcul assez facile. A partir du moment où tu sais qu’environ 25% de ce que tu gagnes va ressortir de ton compte en banque, tu as compris l’essentiel.

Alors qu’en société, c’est radicalement différent ! Ne serait-ce que le palier avec le passage à la TVA. La TVA doit être complétement transparente : tu la factures pour la rendre. Tu as un petit switch à faire dans ton cerveau : quoi qu’il arrive ça ne compte pas. Tu sais que tu ne vas vivre ta vie qu’en hors taxe, la TTC n’existe pas dans les tableaux de suivis.
En société c’est différent : tes dépenses sont ce qui va te servir à payer moins d’impôts sur les sociétés à la fin de l’année. Tu ne penses plus en terme de « Je vais dépenser moins parce qu’il faut que je sois prudente pour faire des économies ». Tu dois faire l’inverse : « dépenser plus pour payer moins d’impôts et donc faire des économies ».

Je trouve qu’en tant que bébé entrepreneur en SAS, et surtout bébé en fiscalité que je suis, que ce sont des gros switchs entre ces deux formes juridiques. C’est surtout ça qui a changé entre mes débuts et maintenant : la fiscalité et la façon de réfléchir.




En général, est-ce que tu as des retours ou des commentaires sur tes revenus quand tu les partages sur ton blog ? Comment est-ce perçu par les lecteurs ?

Je n’ai que des retours positifs et super encourageants depuis que je les partage depuis 2017. J’ai beaucoup de gens qui me disent que ça les aide beaucoup à comprendre les mécanismes et à comprendre où on dépense notre argent. Ça ne veut pas dire que la façon dont on dépense est la meilleure, mais au moins ça leur donne un exemple.

Et je pense que c’est ce qui manque aujourd’hui en francophonie : des gens qui montrent leur façon de gérer, sans prétention aucune. Peut-être que cela marche autrement chez d’autres mais nous on gère ainsi. Peut-être qu’on se trompe, mais ce n’est pas grave, on vous le montre quand même. Et au pire ça fera un exemple de choses à ne pas faire !

C’est vraiment perçu comme un partage en toute transparence de ce qu’il se passe, comment on gère, ça montre aussi les coulisses et la différence entre les chiffres et la santé mentale.
La notion entre « beaucoup d’argent » et « peu d’argent » n’est pas la même entre chaque individu. Certains peuvent trouver que 50 000€ représente beaucoup d’argent mais par exemple pour une entreprise comme Netflix, 50 000€ ce n’est rien.

Ça leur permet de se rendre compte que quand on estime avoir beaucoup travaillé et être fatigué, parfois le chiffre d’affaires ne correspond pas à ce mood. Alors qu’inversement, un mois où on a explosé les scores au niveau du CA, peut aussi être un mois où on s’est le plus reposées. Cela permet de montrer, en parallèle, ce qui se passe d’un point de vue factuel sur le compte bancaire et ce qui se passe dans nos têtes. Je trouve que c’est super important !




Comment réagis-tu par rapport aux commentaires négatifs ?

Il n’y en a pas eu ou très peu. Je n’ai pas le souvenir de quelque chose qui m’ait marquée. J’ai eu peur d’être bashée et d’avoir des gens qui trouvent que c’est soit pour se la péter, soit pour se faire plaindre. Mais je n’ai jamais eu de commentaires tranchés ou qui m’auraient blessée.

Et si jamais j’en avais, je ne sais pas comment je réagirais. Je pense que je me concentrerais surtout sur toutes les personnes que j’ai aidées depuis toutes ces années. Cela m’aide aussi à faire le point, cela me force à me poser et à réfléchir à ce qu’il s’est passé. Je pense que je continuerais malgré tout à publier mes revenus.




Si je te dis "loi d'attraction" ou "abondance financière", qu'est-ce que ça évoque pour toi ?

Ça m’évoque la positive attitude ! Parce que c’est toujours ce que j’ai prôné et ce que je prône au quotidien.

Dans le binôme qu’on forme Julie et moi, je suis la plus positive ou en tout cas celle qui l’exprime le plus. Je suis toujours en train de trouver des choses positives à une situation qui pourrait pourtant être négative. Il peut m’arriver n’importe quelle merde, je vais sauver ma santé mentale en réfléchissant tout de suite à ce que ça m’apporte de positif, plutôt que de me focaliser sur le négatif. Et pour moi, loi d’attraction et abondance financière vont avec ça. Tant que tu as une logique et un état d’esprit tournés vers le positif, et non pas vers le négatif, tu t’en sors toujours dans la vie. En tout cas, j’y crois très fort !

Parce que même dans les débuts de ma micro-entreprise lors des mois les plus difficiles financièrement, je me suis accrochée à cette idée : que tout allait bien se passer puisque j’abordais tout avec le sourire. Alors oui, il y a eu des moments difficiles, mais j’étais persuadée au fond de moi que je n’étais pas plus bête qu’une autre et que je pouvais y arriver. Et c’est ça qui m’a aidé à avancer et à passer au-delà des problèmes. A partir du moment où tu changes de lunettes sur une situation et que tu mets un filtre un peu plus joyeux et un peu plus positif sur la vie, d’un coup tout devient beaucoup plus positif autour de toi. C’est peut-être très Bisounours mais je le vois comme ça.




Est-ce que tu te fixes des objectifs de chiffres d'affaires ?

Oui et non. Notre principal objectif avec Julie c’est avant tout de kiffer notre quotidien et de se sentir bien dans notre vie professionnelle. C’est beaucoup d’intuition : est-ce que tu as mal au ventre quand tu penses à cette situation ? Est-ce que tu te sens bien, sereine et très alignée ?

Il y a aussi des objectifs de CA, parce qu’on ne rigole plus ! C’est aussi un switch entre micro-entreprise et société : en société ce n’est plus du tout un jeu. Si ta micro-entreprise pouvait être un jeu (parce que peu de responsabilités), autant en société, ça ne l’est plus car il y a un enjeu financier ! Il faut pouvoir se payer et il faut pouvoir payer les gens qui travaillent avec nous.

On se fixe des objectifs de CA : ils sont sérieux, sans se prendre au sérieux. C’est un peu le résumé de qui on est finalement. Ce sont des guides de ce vers quoi on doit tendre, mais ce n’est pas une finalité en soi. La vraie finalité c’est d’être chaque jour heureuses de faire ce qu’on fait !




Te récompenses-tu quand tu atteins tes objectifs ?

Oui et non, parce que notre propre récompense c’est d’arriver au bout de quelque chose. C’est déjà une récompense en soi. A chaque fois qu’on termine quelque chose, il y a forcément d’autres personnes en jeu. Par exemple quand on termine une formation, il y a forcément des gens qui vont bénéficier de cette formation. On est trop contentes pour eux et on est contentes d’aider au moins une personne sur cette planète.

Quand on termine quelque chose, par exemple quand on termine une liste d’articles de blog pour l’été : on est trop contentes parce qu’on est fières de ce qu’on a produit et parce que on s’est encore prouvées à nous-mêmes qu’on en était capables (si les sujets sont un peu compliqués par exemple). Donc finalement, la récompense n’est pas vraiment matérialisée. Ce qu’on préfère, c’est le chemin ! Ce n’est pas tant d’atteindre un objectif car il n’y a pas vraiment de fin à quelque chose. Quand on atteint un objectif, on célèbre pendant 5 minutes, mais il y en a tout de suite un autre derrière car la route n’est jamais terminée. On n’a jamais terminé de travailler quand on est à son compte.

Un exemple avec une formation à succès comme « Structurer son cerveau avec Notion » : quand on a fait plus de 150 ventes le premier soir de la sortie, j’étais contente, mais 5 minutes. Tout de suite après, mon cerveau est passé au stade d’après en me disant : « OK mais maintenant il reste du travail pour ça, ça, … ». C’est peut-être un défaut mais c’est ma personnalité. Je suis contente de moi ou de nous avec Julie, mais je suis contente 5 minutes. Après il faut passer à autre chose et avancer. C’est mon tempérament.

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